Les difficultés de recrutement en EHPAD

Les difficultés de recrutement en EHPAD

Aux difficultés structurelles qui touchent les EHPAD depuis quelques années se sont ajoutées de nouvelles problématiques avec la crise sanitaire. Celles et ceux qui connaissent la réalité du terrain le constatent quant au recrutement. Le manque de personnel, le turn-over et l’absentéisme ne cessent de compliquer la tâche des directeurs d’établissements. Une situation difficile qui n’est pas une fatalité. Diagnostic et solutions.

 

Le manque de personnel en EHPAD

Hôpitaux, établissements médico-sociaux et centres de soins de suite sont au cœur de l’actualité depuis de nombreuses années déjà. En cause ? La difficulté pour le secteur à trouver et garder un personnel qualifié, et ce dans de nombreux services. Dans les EHPAD, en particulier, le déficit est patent.

Ce vaste secteur, qui inclut notamment la restauration collective en médico-social, a perdu 200 000 collaborateurs ces derniers mois; les EHPAD sont touchés de plein fouet et cette difficulté à garder ses effectifs s’observe dans la vie des établissements.

« Dans les cuisines des EHPAD, les RH se gèrent avec agilité afin de faire face au turn-over et aux abandons de poste, parce que beaucoup de personnes ont quitté le métier de la restauration. Parmi les solutions que nous avons déployées, citons la mise en place de pôles de viviers pour palier notamment aux absences temporaires. »

Delphine Colin, Directrice des Ressources Humaines du segment Santé Médico-social d’un prestataire de restauration

De manière générale, le taux d’absentéisme dans les établissements pour personnes âgées dépendantes touche autant les Agents des Services Hospitaliers (ASH) que les personnels en cuisine. Le chiffre a culminé à près de 40 % durant la pandémie. Ce deuxième facteur impose là encore une attention quotidienne pour les établissements. Et la tension dans le secteur renforce un obstacle majeur pour la bonne marche des RH : le recrutement de nouveaux personnels.

Recrutement en EHPAD : un changement de paradigme

« La crise du Covid-19 a révélé quelque chose de significatif : dans un secteur comme la restauration en médico-social, le personnel était véritablement en première ligne.»

Delphine Colin

Alors que les métiers liés aux EHPAD souffraient déjà d’un certain manque d’attractivité, la pandémie a accentué certaines difficultés. En particulier, l’offre et la demande en matière de recrutement s’est littéralement inversée. « C’est un véritable changement de paradigme : aujourd’hui, un candidat choisit son employeur. »

Principale pierre d’achoppement ? Pour les candidats, l’organisation du travail en EHPAD nuit au bon équilibre entre vie personnelle et carrière professionnelle. « Je vois certains entretiens cesser au bout de quinze minutes, le candidat déclinant l’offre quand on évoque le travail 7/7, le nombre de week-ends de repos par mois, les journées en coupure… », rappelle Delphine Colin. C’est donc au cœur même de la manière de travailler du secteur que se trouvent les critères d’attractivité et de rejet vus chez les candidats.

Quelles réponses aux difficultés de recrutement dans les EHPAD ?

Actuellement, près de la moitié des établissements rencontre des problèmes de recrutement, avec des postes non pourvus depuis plus de six mois, une difficulté évidente à trouver des aides-soignants, auxiliaires et infirmières, et une « double peine » pour les directions d’établissements. « Certains EHPAD doivent à la fois recruter des ASH et des personnels cuisinants, ce qui accentue les difficultés », précise Delphine Colin. Une offre comme Sogeres Seniors, qui assure aux établissements la fourniture de repas de qualité par des équipes aguerries, s’avère une vraie piste pour faciliter la vie des établissements. C’est aux prestataires d’organiser les campagnes de recrutement et d’entretenir un vivier de talents, tandis que les établissements se concentrent sur leur cœur de métier : le soin et la vie sociale des résidents en perte d’autonomie.

Les conditions de travail en EHPAD semblent également un repoussoir pour les candidats. Les risques pour la santé, liés par exemple à l’épuisement professionnel, aux problématiques de santé mentale, voire de troubles musculosquelettiques, ne renforcent pas l’attractivité des métiers en santé médico-social. Pour autant, Delphine Colin sait que certains leviers peuvent être activés pour améliorer les choses. La DRH plaide pour une meilleure organisation :

« Je crois que les mentalités doivent évoluer : aujourd’hui, les rôles se sont inversés, ce sont aux employeurs de donner envie de les rejoindre. Il y a un enjeu fort pour investir dans les talents. »

Delphine Colin

Autre motif de faible attractivité, la reconnaissance financière demeure une question-clé. « En EHPAD, nous avons des profils de candidats qui ont décidé certains choix de vie, ont une vocation », rappelle Delphine Colin. La directrice des ressources humaines en appelle au bon sens du secteur. « Je crois que la mentalité doit évoluer : un être humain est d’abord un investissement plutôt qu’un coût, il faut donc cesser de voir le salaire comme une variable d’ajustement. » Plus généralement, les établissements ont à prendre en compte un désir de valorisation de carrière, et ce dès le recrutement.

Comment recruter du personnel en EHPAD ?

Concrètement, à une époque où la concurrence entre les établissements est féroce pour attirer les candidats, mais aussi entre métiers pour ce qui est des professions peu qualifiées, le recrutement ne se fait plus désormais sur les seuls critères habituels. Ainsi, Sogeres, dans le cadre d’un partenariat avec Pôle Emploi, s’est essayé avec succès au recrutement sans CV, qui propose de tester avant tout la motivation plutôt que les compétences, au cours d’ateliers de mise en situation.

« Nous savons former des cuisiniers, et ces sessions nous permettent de détecter celles et ceux qui veulent travailler dans les Ehpad et adoptent une posture, un sens du service, une bienveillance et une envie compatibles. »

Delphine Colin

Autre vivier de recrutement, l’apprentissage est au cœur de la démarche d’une entreprise comme Sogeres, qui offre des opportunités de carrière à des jeunes ou des personnels en reconversion. Une centaine d’apprentis travaillent pour le groupe, avec pour objectif l’intégration comme salarié de la moitié d’entre eux. La structure intègre aussi des stagiaires en EHPAD issus de formations précises, comme l’initiative Cuisines Mode d’Emploi(s) qui permet d’embaucher des commis après six mois.

Comment fidéliser le personnel en EHPAD ?

Tout comme les mécanismes de recrutement, les problématiques de fidélisation ont évolué au gré de l’actualité du secteur médico-social. Bien sûr, les solutions de gestion de personnel, le souci de valoriser les collaborateurs à travers la reconnaissance et une meilleure organisation du travail restent une vertus cardinales pour contribuer à garder un maximum de salariés dans les meilleures conditions.

Pour aider les personnels à envisager leur métier autrement, Delphine Colin pointe la nécessité de proposer aux salariés de véritables carrières, avec un parcours cohérent. Dans un grand groupe, cette possibilité s’avère plus facile à mettre en œuvre qu’au sein d’un établissement unitaire. Ainsi, chez Sogeres, la mutation dans un petit périmètre et la trajectoire multi-segments sont valorisés. Une réponse concrète au turn-over induit dans le métier de la restauration.

 

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